Je voudrais parler à UN technicien…

L’histoire qui suit m’est arrivée il y a quelques années. Petit placement de contexte : à l’époque j’étais formateur / consultant pour une grosse boite de télécommunication, et je supervisais des call center chez des partenaires. Une grosse partie du job consistait à aider la montée en compétence des employés de la hotline.

Ce jour là je faisais du tutorat avec une jeune femme sortie tout juste de formation et qui prenait ses premiers appels. C’était sa première expérience professionnelle, elle avait peu de qualifications et nous étions dans un bassin d’emploi totalement sinistré. En clair ce job était une grosse opportunité pour elle et elle se mettait une pression de dingue. Cependant, malgré ce fort stress décuplé par ma présence, elle assurait. Elle était appliquée, méthodique et mieux encore elle se montrait très prévenante envers les clients. Beaucoup d’ailleurs lui disaient que c’était plus agréable de parler a quelqu’un avec « une voix charmante » (ce qui est aussi sexiste d’une certaine façon, mais ça reste gentil comparé à la suite).

Au bout d’un moment, mon élève tombe sur un chef d’entreprise au langage châtié qui après lui avoir demandé si il était bien au standard insiste pour « parler à UN technicien ». Elle me regarde ne sachant pas quoi faire, je lui fait signe d’insister et de ne pas se laisser démonter. Elle prend une grande respiration et avec tout ce qu’elle à de confiance fini par décider le client à lui exposer son problème.

Cependant ce dernier est de bien mauvaise volonté : il lambine, il grogne, se plaint tout le temps, bref il montre bien qu’il n’est pas content d’avoir à faire à une femme. Il n’insultait pas mon élève mais à mes oreilles c’était tout comme tellement il la prenait de haut. Je voyais bien à quelle point elle perdait confiance en elle, minée par le blabla de l’autre blaireau. Elle me demanda alors si je pouvais la remplacer et finir de m’occuper du client car elle « n’était pas au niveau ».

Je lui ai donc demandé de dire à ce client qu’il allait être rappelé d’ici 20 min. On fait une petite pause et après nous être un peu vidé la tête à la machine à café, je lui demande ce qui s’est passé. Elle se confond alors en excuses, dit qu’elle n’était pas assez bonne techniquement, que l’informatique c’est pas un truc pour une femme et qu’elle était désolée d’avoir « loupé » ce client…

20 minutes passent, et je propose à mon élève la chose suivante : c’est moi qui allait rappeler le client, mais j’allais juste lui servir de « voix ». Je ne ferais que suivre ses consignes pour donner des infos au client.

Forcément, dès lors qu’il entendit une voix d’homme, le client devint doux comme un mouton, et docile comme un lapin nain. Plus risible encore, il louait ma maîtrise technique et mon aptitude à comprendre son problème alors que si j’avais vraiment été aux commandes, le ton aurait été bien plus sec. Au bout du compte, le client fut ravi de la façon dont son problème fut réglé, et me lança le crapuleux sous-entendu que « c’est quand même mieux quand c’est quelqu’un de compétent qui s’en occupe ».

Mon élève réalisa alors que c’était le client qui avait un problème, et que ce n’était pas elle qui devait se remettre en cause. Pour ma part, je venais d’être témoin de quelque chose qui me stupéfia : j’avais fait ce job pendant des années et je n’avais jamais été confronté à ce cas de figure.

C’était sans doute l’une des premières fois que je réalisais que le sexisme ordinaire est une véritable pénalité dans le monde du travail. Malheureusement ça n’allait pas être la dernière, et les années suivantes j’eu moult nouveaux exemples du même acabit.

——–

[Note de Mar_Lard]
Ce témoignage montre bien les dégâts insidieux de la discrimination sur l’estime de soi…Voici comment, à force d’ostracisation méthodique, à coups de micro-humiliations normalisées jusqu’à être intégrées par la victime elle-même, on en vient à des clichés autoréalisateurs tels que « l’informatique, c’est pas un truc pour une femme ».

Édité par Mar_Lard

Le Journal Du Geek cherche des babes au CES 2014

Pour cette édition 2014 du Consumer Electronics Show, on sent chez le Journal du Geek une vraie volonté de couvrir du contenu de fond :

Twitter - JournalDuGeek- On va essayer de vous trouver ...

Avec toutes les annonces et les projets d’avenir dont il était question au salon, c’est clair que la recherche d’hôtesses dévêtues était de la plus haute priorité pour satisfaire le lecteur… Du grand journalisme d’investigation.

Sexisme à 300.000 km/s

Les éditeurs de logiciels ou les fabricants de consoles ne sont pas les seuls à axer leur communication autour de propos sexistes. C’est ainsi que Numericable, câblo-opérateur et FAI français, a commis cette publicité dans le journal 20 minutes du Lundi 6 janvier :

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C’est bien connu, non seulement les femmes sont indécises et versatiles mais en plus elles ne téléchargent jamais rien sur Internet. Savent-elles au moins ce qu’est un ordinateur ? Au vu de cette publicité, certains commerciaux semblent persuadés que non.

L’agence Fred & Farid qui a conçu la campagne n’en est pas à son coup d’essai en matière de sexisme.

Face au bad buzz sur Twitter, Numéricable a tenté de rectifier le tir avec une suite à la publicité:

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Comme si un cliché sexiste en sens inverse allait arranger les choses…
Édité par MarLard

Mise à jour par Mar_Lard 07/01/2014 – 19:40

Le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes a déposé plainte auprès de l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité.

Sources :

Les pubs WinDev

WinDev, WebDev et WinDev Mobile sont des outils de développement de l’entreprise PC Soft.
Ils ont en général 3 pages de pub par mois dans le magazine l’Informaticien.
Ça ressemble à ça :

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À chaque version, la modèle a moins de vêtements.

Mieux encore, voici la brochure de la version 19, qui colle des femmes sexy à chaque page avec de petites phrases coquines :
http://www.pcsoft-windev-webdev.com/brochure-WX19.pdf

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Dix ans de communication d’une entreprise qui fait de l’argent et a pignon sur rue. L’utilisation de corps de femmes pour vendre des produits sans rapport a encore de beaux jours devant elle.

Édité par Mar_Lard

WAF WTF ?

Je me baladais sur le web, cherchant un dossier expliquant le fonctionnement des serveurs NAS. Dans un dossier très clair de PCInpact, site renommé, je tombe sur cette phrase, à propos de la façon de choisir son modèle :

« Mais attention tout de même. Que ce soit à cause de son design ou bien du bruit généré, le WAF (Woman Acceptance Factor) risque d’être assez faible. »

Le « WAF » pointe vers un lien de Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Wife_acceptance_factor

On y apprend donc que le « Woman Acceptance Factor » désigne « le niveau de compatibilité d’un objet avec une personne du sexe féminin ».

Ce terme est généralement employé pour désigner un objet traditionnellement masculin (typiquement les équipements informatiques, hi-fi ou vidéo) dont les propriétés ou les fonctionnalités le rendent acceptable auprès des dames (et notamment de la compagne du propriétaire dudit objet).

Autrement dit, il est nécessaire d’adapter la techno pour satisfaire aux sensibilités naturelles du sexe féminin, sinon ces vilaines harpies risqueraient d’empêcher leurs pauvres compagnons de profiter de leurs joujous. PC Inpact vous met en garde : votre copine piquera une crise si votre serveur NAS ne s’accorde pas avec sa déco intérieure…

Le concept lui même et l’article sont purement et simplement scandaleux.

Édité par Mar_Lard

Mise à jour par Alda 28/12/2013 – 12:20

Quelques heures après la publication de notre article, PC INpact a corrigé le passage incriminé et a présenté ses excuses sans chercher à nier le problème. Merci à eux.

On peut à présent lire :

Mais attention tout de même. Que ce soit à cause de son design ou bien du bruit généré, sa capacité à s’intégrer à votre intérieur au quotidien peut s’en trouver chamboulé.

Des hôtesses déguisées en infirmières à LeWeb 2013

Deux jours à peine après que la ministre Fleur Pellerin ait saisi le Conseil National du Numérique pour travailler sur l’image des femmes sur Internet, des hôtesses déguisées en infirmières sexys arborants des panneaux aux petites phrases coquines arpentent LeWeb 2013, conférence dédiée aux entrepreneurs du secteur…Une initiative de Tequila Rapido, agence de communication numérique.

Leweb

Face au bad buzz, le directeur adjoint a défendu l’opération ainsi :

Il y a pire ailleurs donc pourquoi on s’en prend à nous, « c’est pas du porno, c’est pas du machisme », ça a été sorti de son contexte, finalement ça nous a fait du buzz donc merci, on prend la place de Lafâme dans l’entreprise très au sérieux et d’ailleurs il y a des femmes chez nous, nos « charmantes » infirmières font juste référence à la profession médicale, on verra l’an prochain si on revient avec des hôtesses ou pas.

Il prétend également qu’une personne de Girlz in Web a validé l’opération, cependant les membres de l’association ne semblent pas du même avis :

twitter GIW

giw

Pendant ce temps, parmi les 150 intervenants annoncés sur le site LeWeb, seulement 20 femmes…Or les environnements sexualisés, façonnés à destination exclusive d’hommes hétéros, contribuent à l’ostracisation des femmes de ce secteur.

Sources :
http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/cafouillage/66-sexisme-ordinaire/3305-dans-les-allees-de-leweb-le-sexisme-se-porte-bien
http://www.toutalego.com/2013/12/bientot-plus-dhotesses-en-petite-tenue.html

Fleur Pellerin contre le sexisme numérique

Le 8 décembre 2013, la ministre de l’Économie Numérique Fleur Pellerin a donné une interview au Journal du Dimanche à propos du sexisme dans les entreprises high-tech.

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Elle y rappelle le public exclusivement masculin des colloques, le manque de femmes entrepreneures dans le secteur qui découle du manque de femmes en écoles d’ingénieurs, la difficulté pour les entrepreneures de lever des fonds dans le secteur, le sexisme que les femmes doivent affronter en entreprise…
Une étudiante en informatique, une développeuse et la créatrice et présidente de Girlz in Web (réseau d’entrepreneures du secteur) sont également interviewées; elles évoquent les remarques et plaisanteries sexistes, l’organisation du travail plus favorable aux hommes…
Conjointement avec la ministre des Droits des Femmes Najat Vallaud-Belkacem, Fleur Pellerin a saisi le Conseil National du Numérique pour travailler sur l’image des femmes dans le Web; conclusions et propositions en mars.

Source :
Twitter de Fleur Pellerin

Témoignage d’une développeuse et brochure européenne pour les universités

Le JDD a publié ce témoignage : « Moi, Louise, développeuse et fatiguée du sexisme ».
http://www.lejdd.fr/Economie/Moi-Louise-developpeuse-et-fatiguee-du-sexisme-642941

Louise est développeuse et constate le sexisme courant dans le milieu de la programmation.Plafond de verre, tabous, ambiance viriliste, présomption d’incompétence et tâches ingrates : tout y est. Et le plus flippant c’est que ça arrive avec « [d]es collègues se définiss[a]nt comme des gens modernes, ouverts d’esprit, avec une conscience sociale »…

Dans l’article, il est également question de structures (plus ou moins) non-mixtes pour développeuses :
– Girls in Tech Paris : http://gitparis.com/
– Duchess France (@duchessfr)

Un peu sur le même thème, une branche de la commission européenne a sorti une brochure assez bien faite pour l’emploi de femmes dans les branches informatiques de l’université (étudiantes, enseignement et recherche)
http://www.informatics-europe.org/images/documents/more-women-in-informatics-research-and-education_2013.pdf

La brochure serait certainement perfectible, mais reste très bien faite, et propose des mesures intéressantes (forcer la parité dans les comités de sélection, utiliser des femmes comme role-model, tout en restant vigilant au fait que cela nuit, du coup, à leur carrière, tenir compte des enfants dans les CV, etc.) et un objectif ambitieux (arriver à 30% de femmes dans le milieu, seuil à partir duquel on espère que le taux s’auto-entretient).

Article via Mouton et eisaru. Édité par Mar_Lard

I’m on Overblog, bitch !

L’entreprise Overblog (plateforme d’hébergement de blogs) a lancé des t-shirts promotionnels inspirés de la légendaire (et sexiste) carte de zuckerberg : I’m CEO, Bitch. (« Je suis PDG, pétasse »).

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« Je suis sur Overblog pétasse ! »

Tout le personnel (quasi-exclusivement masculin) arbore ces t-shirts au travail …. Sympa pour les rares nanas de la boîte.
En plus le PDG feint de se justifier sur son blog :
http://www.kelblog.com/article-107428636.html
« Non Mesdames, ce n’est pas un blague sexiste au premier degré, mais un calembour geek »