Les babes font fuir le public

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Article de Spencer Chen sur TechCrunch.

Les « booth babes » sont de belles jeunes femmes court vêtues employées par certaines entreprises pour « décorer » leur stand lors de conventions, dans l’espoir d’attirer le chaland (forcément masculin, hétérosexuel & dépourvu de tout esprit critique à la vue d’un décolleté). Une pratique peu glorieuse des milieux tech & jeu vidéo, mais que certains défendent sous prétexte de « marketing ciblé » ; puisqu’on considère que seuls des hommes hétéros vont aux conventions, autant tout saupoudrer de jolies filles pour leur plaire (et tant pis si c’est sexiste et ostracisant pour les autres publics).

Sauf que…les booth babes semblent totalement inefficaces pour attirer le public. En réalité, elles seraient même contre-productives.

Pour vérifier ce qu’il soupçonnait déjà au vu des mauvaises performances globales des stands à booth babes, Spencer Chen a mené des expériences comparatives: deux stands au sein d’une même convention, l’un animé par des babes, l’autre par des personnes recrutées pour leur connaissance du milieu. Les résultats sont accablants : les stands à booth babes attirent trois fois moins de public et récoltent moitié moins d’opportunités de réseau (cartes de visites, formulaires d’information, etc).

Pourquoi ?

Parce que, de leur propre aveu, les babes ont plutôt tendance à intimider les visiteurs.

Parce qu’elles sont recrutées d’abord sur leur sex-appeal, plutôt que sur leur connaissance du produit ou leur capacité à convaincre le public.

Parce qu’employer des babes ne renvoie pas une image de professionnalisme, mais plutôt de cache-misère; que peut on attendre d’une compagnie qui emploie des hôtesses dénudées en guise d’arguments de vente ? Les professionnel-le-s qui cherchent à nouer des contacts dans ces salons ne s’y trompent pas.

Parce que les professionnels de bas étage effectivement attirés par les babes s’intéressent plutôt à leur plastique qu’au produit, et ne représentent pas des opportunités intéressantes…

Alors, chères compagnies qui s’obstinent à décorer leurs stands de babes alors même que ces pratiques sexistes sont dénoncées partout, on peut arrêter de se cacher derrière le marketing ciblé maintenant ?

Pas de filles chez Machinima

Donc, dans d’étranges circonstances, je me suis retrouvé sur la page d’accueil de Machinima. Pour ceux qui ne connaissent pas Machinima, il s’agit d’une chaîne de contenus autour du jeu vidéo.
Et voici la toute première phrase de leur site : « Machinima est un groupe média dans le domaine du jeux vidéo qui vise les jeunes HOMMES du monde entier. »

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Dans leur « À Propos » on trouve : « Machinima possède des séries, du contenu original, des programmes hebdomadaires et quotidiens, du contenu officiel d’éditeurs, et des vidéos de gameplay – tout pour gâter les HOMMES de 18 à 34 ans. »

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Tu remplaces homme par joueur (ou gamer car gamer est neutre) et le sexisme disparait… pas compliqué…

En fouillant un peu plus sur leur site, j’ai regardé leur audience…
77% sont des hommes. Ce qui me choque, ce n’est pas le fait qu’ils le montrent mais plutôt comment ils l’affichent : En gros, au milieu et en rouge….

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Sûr qu’en ostracisant soigneusement le public féminin de la sorte, c’est facile ensuite de prétendre « mais les femmes ne s’intéressent pas aux jeux vidéo, c’est comme ça ! » Notez que même si elles ne sont visiblement pas les bienvenues chez Machinima, les femmes représentent tout de même un quart de son public…

Édité par Mar_Lard

Le monde merveilleux de la réalité augmentée

Traînant sur un blog geek et high-tech connu, je tombe sur un article présentant une publicité pour la société Infinity Augmented Reality censé nous montrer leur vision de ce que sera la réalité augmentée dans quelques années.

Pour une fois, pas de critique particulière sur ce plan : l’article, très court, est plutôt neutre (pas de « c’est trop cool »), et les commentaires, majoritairement masculins, sont plus choqués et dégoûtés qu’autre chose.

A raison.

Parce que cette video… Mon dieu… On commence avec une série de cliché sur un mâle alpha, jeune, musclé, plein aux as, rendu encore plus alpha grâce à ses lunettes à réalité augmentée, qui lui permettent d’asseoir son ascendant sur les autres mâles grâce à cet avantage secret.
J’avoue, je commençais à être assez mal à l’aise. On n’était pas dans le relationnel, mais dans l’exaltation d’un moi de winner (« salut les gars, voilà ce que vous avez toujours rêvé d’être »), exaltation boostée par la technologie.

Mais là où ça devient vraiment glauque, c’est quand notre prédateur se met en tête de mettre une jeune et jolie serveuse (forcément jeune et jolie) dans son lit.
La sempiternelle femme trophée, que la possession d’une montre/voiture/costume permet d’impressionner, c’est déjà bien lourd, mais là, on passe à la vitesse supérieure. A noter d’ailleurs qu’un bon tiers de la vidéo concerne cette femme, ce qui en fait l’argument de vente majeur des lunettes AR. En soit, ça serait déjà bien vomitif, mais ce n’est pas tout…

Notre « héros » commence donc par accéder au profil Facebook (forcément blindé d’infos, mais peu importe) de la nana, apprenant ainsi des détails sur elle qui lui donnent un avantage dans la discussion qui s’ensuit, et ce, sans qu’elle se doute de quoi que ce soit. Bon, personnellement, je trouve ça déjà très malsain de se renseigner ainsi sur quelqu’un sans qu’il le sache, il me semble qu’on est déjà dans la manipulation.
Mais là où j’ai vraiment été estomaqué, c’est en voyant derrière les lunettes magiques opérer une analyse du stress de la voix de la demoiselle, indiquant en temps réel à notre prédateur l’effet que ses phrases et son attitude ont sur elle, sans bien sur que cette dernière se doute de quoi que ce soit.
Sérieusement ?

« Grâce à nos super lunettes, vous allez pouvoir espionner vos futures conquêtes et ajuster vos propos et gestes afin d’obtenir d’elles ce que vous voulez, peu importe qui vous êtes réellement et si vous lui auriez plu ou pas » ?!

On n’est pas dans la rencontre ou le rapport de personne à personne, avec une alchimie qui s’établit ou pas, fut-ce simplement pour un soir : la femme est ici réduite en obstacle à conquérir, un de plus (« Winner! »), l’important étant d’utiliser tous les outils à notre disposition pour l’amener à satisfaire nos désirs. Peu importe qui elle est, la seule chose qui compte, c’est ce que veut notre « héros », et tous les moyens sont bons pour l’obtenir. Perso, désolé, mais je préfère encore rester seul.

Dans le futur, des geek beaux, riches et musclés utilisent la technologie pour humilier les autres au billard, et manipuler de jolies femmes pour qu’elles couchent avec eux, le tout sans que nul ne se doute de rien.

Édité par Keela

Sexisme à 300.000 km/s

Les éditeurs de logiciels ou les fabricants de consoles ne sont pas les seuls à axer leur communication autour de propos sexistes. C’est ainsi que Numericable, câblo-opérateur et FAI français, a commis cette publicité dans le journal 20 minutes du Lundi 6 janvier :

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C’est bien connu, non seulement les femmes sont indécises et versatiles mais en plus elles ne téléchargent jamais rien sur Internet. Savent-elles au moins ce qu’est un ordinateur ? Au vu de cette publicité, certains commerciaux semblent persuadés que non.

L’agence Fred & Farid qui a conçu la campagne n’en est pas à son coup d’essai en matière de sexisme.

Face au bad buzz sur Twitter, Numéricable a tenté de rectifier le tir avec une suite à la publicité:

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Comme si un cliché sexiste en sens inverse allait arranger les choses…
Édité par MarLard

Mise à jour par Mar_Lard 07/01/2014 – 19:40

Le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes a déposé plainte auprès de l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité.

Sources :

Les pubs WinDev

WinDev, WebDev et WinDev Mobile sont des outils de développement de l’entreprise PC Soft.
Ils ont en général 3 pages de pub par mois dans le magazine l’Informaticien.
Ça ressemble à ça :

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À chaque version, la modèle a moins de vêtements.

Mieux encore, voici la brochure de la version 19, qui colle des femmes sexy à chaque page avec de petites phrases coquines :
http://www.pcsoft-windev-webdev.com/brochure-WX19.pdf

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Dix ans de communication d’une entreprise qui fait de l’argent et a pignon sur rue. L’utilisation de corps de femmes pour vendre des produits sans rapport a encore de beaux jours devant elle.

Édité par Mar_Lard

Miranda affect

Je sais qu’une semaine ça peut déjà remonter à loin, surtout à l’échelle de Twitter. Mais bon, les choses étant ce qu’elles sont, j’ai pas eu l’occasion de coucher plus tôt sur papiers mes impressions suite à ce retweet de @Mar_lard à propos du jeu de mot de @PoufyGB, M-Ass Effect et la discussion… constructive qui s’en est suivi :

Qu’est-ce que ça nous montre ? Déjà, dans un premier temps, qu’il existe des commentateurs de jeux vidéo se disant « pro, » et ils ne sont pas tellement rares, qui oublient tout professionnalisme, toute distance critique lorsqu’ils commentent justement des jeux vidéo.

Mar_lard l’a très bien mis en lumière dans son article à propos de Joystick sur Genre! : qu’ils fantasment sur des fessiers féminins cadrés serrés et des héroïnes agressées trahit déjà un problème certain, mais qu’ils l’étalent comme si de rien était sur des médias exigeant d’eux une certaine « objectivité » en est un autre. Et il y en a pour dire « ça va, » « c’est une blague, » « c’est pas grave. »

Le jeu vidéo est par définition un « jeu », avec tout ce que cela peut sous-entendre de légèreté, les majors du secteur vendent ça comme étant « cool, » les commentateurs et les joueurs en parle comme d’un truc « cool; » cependant c’est tout sauf anodin : le jeu vidéo étant devenu, est-il besoin de le rappeler, la première industrie culturelle au monde, il est, à l’instar de la littérature, du cinéma ou de tout autre média, porteur de discours. On ne peut donc pas balayer d’un revers de main ces problèmes de représentation et de réception, qu’il faudrait d’ailleurs chercher à combattre d’autant plus activement.

Arrivons-en aux faits. S’ils parlent à qui mieux-mieux des fesses moulées de Miranda, c’est bien parce qu’ils n’ont pas eu à chercher bien loin vont-ils répondre… La promo de Mass Effect 2, dans lequel apparaît le personnage pour la première fois, n’y est pas allé de main morte (je ne retiens qu’un seul exemple ici, assez « éclairant, » à l’égard de l’usage du perso de Miranda pour le marketing : Histoires de couv’ : IG Magazine 6, massive affect). Les images de promo faisaient la part belle à Miranda en mode « cul-poitrine », sans parler de sa mise en avant sur les visuels, jaquettes, etc.

Comment en est-on arrivé là, alors qu’en la matière Mass Effect 1 était beaucoup plus neutre ? Le but étant de vendre, et la publicité opérant un nivellement par le bas en cherchant des facteurs parlants à tous, le plus simple parait donc de jouer déjà sur la teneur militaire et testostéronée mais aussi beaucoup sur la plastique de Miranda. Ou l’art pour le marketing de faire fantasmer cet acheteur de jeu vidéo adolescent, hétéro et en rut…

Ce serait tout aussi facile de dire que ce même marketing a les dents suffisamment longues pour influer sur la création du personnage, il suffit de lire les remarques contenues dans l’artbook des trois jeux (joke inside) : « […] Miranda’s body and clothing tried to balance sex appeal with a uniform […] » Une pub, sauf à valoriser, ça ne ment pas de manière éhontée (ahem…), on voit bien ici qu’il y avait déjà matière à faire avec ce « corps et cette tenue de Miranda qui devait équilibrer sex-appeal et uniforme » …

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Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de faire le procès des jeux Mass Effect, de Bioware ou d’EA. Pour ce qui est du jeu stricto sensus, Miranda ne parait pas moins développée qu’un autre personnage, n’est pas moins cohérente au regard de l’univers des jeux, on l’aime ou on la déteste, là n’est pas le problème. Pour autant, pas besoin de chercher bien loin pour se rendre compte qu’il y a un truc qui cloche. Au milieu de tous les portraits-archétypes SF du jeu, Miranda est – ALERTE SPOILER – la femme créée pour être parfaite, littéralement. L’idée ne paraissait pas mauvaise en soi, elle aurait pu d’ailleurs conduire à une réflexion intéressante. Cependant elle est complètement sapée par la représentation qui est faite du personnage dans le jeu, à l’image du tweet repris par Mar_lard.

Comment voulez-vous en effet croire que les développeurs voulaient offrir une réflexion critique (peut-être que j’en demande trop) sur ce personnage de femme-objet si elle est justement toujours représentée et attifée en temps que telle ? Depuis son postérieur qui se retrouve cadré en gros plan à chaque dialogue, les plans cadrants au niveau de sa poitrine ou encore ceux ne montrant ses jambes et sa démarche (talons hauts oblige), pas de doute possible, Miranda est bel et bien objectifiée (un bel exemple de Male Gaze, de fétichisation du personnage féminin pour reprendre Laura Mulvey,) jusque dans ses sporadiques apparitions dans Mass Effect 3.

Qu’est-ce que moi, en temps que joueur, je retiens de tout cela ? Personnellement les jeux Mass Effect me paraissent sortir du lot, l’univers, les personnages, bref, c’est riche, bien fichu, attachant, prenant, dans une bonne mesure moins sexiste qu’une partie du tout-venant vidéoludique… Alors y voir les travers sexistes qui gangrènent déjà la majorité des autres productions JV, ça me parait d’autant plus consternant/atterrant/révoltant (rayer la mention inutile). Parce que, mine de rien, je n’aime pas les jeux vidéo pour la possibilité qu’ils m’offrent de me rincer l’œil.

Édité par Alda

Sony et le marketing du « sexy »

Cette année, à l’IFA 2013, la marque Sony a voulu épater la galerie en présentant ses nouveaux smartphones « waterproof ». Pour ce faire, quoi de mieux que de faire plonger quelques « babes » dans une vasque sur un podium?

Remarquez combien ce sont les téléphones qu’on voit le plus plonger dans l’eau… et qu’on voit ressortir ruisselants.

Sony mise donc désormais sur le buzz sex pour vendre. Quelle originalité !