Fleur Pellerin contre le sexisme numérique

Le 8 décembre 2013, la ministre de l’Économie Numérique Fleur Pellerin a donné une interview au Journal du Dimanche à propos du sexisme dans les entreprises high-tech.

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Elle y rappelle le public exclusivement masculin des colloques, le manque de femmes entrepreneures dans le secteur qui découle du manque de femmes en écoles d’ingénieurs, la difficulté pour les entrepreneures de lever des fonds dans le secteur, le sexisme que les femmes doivent affronter en entreprise…
Une étudiante en informatique, une développeuse et la créatrice et présidente de Girlz in Web (réseau d’entrepreneures du secteur) sont également interviewées; elles évoquent les remarques et plaisanteries sexistes, l’organisation du travail plus favorable aux hommes…
Conjointement avec la ministre des Droits des Femmes Najat Vallaud-Belkacem, Fleur Pellerin a saisi le Conseil National du Numérique pour travailler sur l’image des femmes dans le Web; conclusions et propositions en mars.

Source :
Twitter de Fleur Pellerin

Garçons = Bons joueurs, Filles = Joueurs stupides

J’interviens ici pour commenter ce post issu de demotivateur.fr intitulé « Différence Gars et Filles ».

Différence Gars et Filles - demotivateur

http://www.demotivateur.fr/image/Difference-Gars-et-Filles-21456

La page demotivateur poste régulièrement des blagues, des images et des vidéos humoristiques.

Je n’utilise volontairement pas le féminin « joueuse » dans le titre de cette publication pour mettre en lumière un phénomène courant: encore une fois, les femmes sont décrites comme étant systématiquement mauvaises aux jeux vidéos, ignorantes et peu subtiles, et les hommes comme les réels connaisseurs du domaine, capable d’effectuer des coups sophistiqués. Ainsi les femmes seraient nécessairement de mauvais joueurs, tandis que seuls les hommes feraient de bons joueurs.

La blague pouvait se faire sans sexisme, en séparant les joueurs « habitués » et les joueurs novices; il nous est déjà arrivé, joueur/se expérimenté/e de perdre face à un/e débutant/e alors qu’il/elle n’utilise que des coups primaires sans aucune connaissance des mécaniques de jeu. Et vous, lecteurs/ices, conviendrez que c’est tout à fait frustrant.

Mais cet amalgame genre/niveau de jeu est révélateur d’une mentalité profondément sexiste dans la communauté du jeu vidéo, et cela est d’autant plus significatif que ladite mentalité est complètement assumée, puisqu’elle est exprimée et soutenue sur les réseaux sociaux – voir le « C’est vrai 😀 » et les commentaires affligeants…

Différence Gars et Filles - comms

Édité par Mar_Lard

Cette salope frigide de Zelda !

Twitter - MotorX24- Ce soir Let's Go sauver la ...

@MotorX24 est un Youtuber qui aime (re)jouer à des vieux jeux sur de vieilles consoles, bref, sa came, c’est le « retro-gaming ». Et comme c’est la mienne aussi, je le suivais sur Twitter. Et le 25 novembre, j’ai vu passer le tweet précédent.
La série Zelda fait partie de ces jeux « Jouer le garçon – Sauver la fille », qui, par paresse scénaristique, utilise le ressort de la « demoiselle en détresse » pour donner un but au héros, toujours masculin. Cela n’enlève rien à la qualité du jeu, mais justement, il est dommage de devoir passer par ces stéréotypes qui me lassent.

Quant à la « SALOPE FRIGIDE », que dire. On fait du « slut-shaming » en accusant limite Zelda de faire son « attention-whore » (celle-là, elle est même prête à se faire enlever pour attirer l’attention sur elle !) et ensuite on se plaint parce qu’à la fin, quand on la sauve, elle ne se montre pas aussi reconnaissante que le voudrait le joueur. Le personnage féminin est présenté comme la récompense au joueur, mais la récompense n’est pas à la hauteur, la princesse se contentant de féliciter « le plus grand héros de Hyrule ». Elle pourrait au moins faire un bisou au héros avec un petit cœur !

Bref, heureusement que dans les jeux les plus récents de Nintendo (Super Mario 3D World sur Wii U par exemple), on voit la princesse Peach érigée au rang d’héroïne à part entière.

I’m on Overblog, bitch !

L’entreprise Overblog (plateforme d’hébergement de blogs) a lancé des t-shirts promotionnels inspirés de la légendaire (et sexiste) carte de zuckerberg : I’m CEO, Bitch. (« Je suis PDG, pétasse »).

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« Je suis sur Overblog pétasse ! »

Tout le personnel (quasi-exclusivement masculin) arbore ces t-shirts au travail …. Sympa pour les rares nanas de la boîte.
En plus le PDG feint de se justifier sur son blog :
http://www.kelblog.com/article-107428636.html
« Non Mesdames, ce n’est pas un blague sexiste au premier degré, mais un calembour geek »

Jeu de rôle oui…mais jeu de dames…?

Joueuse depuis des années, MJ depuis fort longtemps, écrivaine de scénario depuis peu…. ma vie de rôliste a commencé quand j’avais 11 ans. Et cependant depuis toutes ces années, certaines choses n’ont pas changé. Voici la chronique d’une joueuse ordinaire…

De mon expérience, l’élément qui caractérise le quotidien de la rôliste est L’ÉTONNEMENT.

L’exemple de la première rencontre type avec un rôliste masculin se déroulera selon un scénario classique. Elle commencera pas un incrédule « Sérieux ?? Tu joues aux jeux de rôles ???? » (« Toi dont le physique indique sans équivoque que tes intérêts sont loins de ces pratiques barbares et masculines ! »)

La conversation prend ensuite le classique tour du « ah, tu joues…mais t’as déjà joué à quoi ? », accompagné de son petit haussement de sourcil et du petit sourire narquois. La question s’annonce comme un test : « Toi l’élément féminin, je te mets au défi de savoir m’expliquer concrètement ce à quoi tu as joué. De toute façon je suis un mec, c’est moi qui ai la plus grosse, tu n’y connais rien et je vais te le prouver. »

Ma diplomatie m’oblige souvent à sortir mon plus beau sourire (mais à garder des yeux de glace) pour ensuite énumérer la (très longue) liste de jeux auxquels j’ai déjà joué, les systèmes utilisés etc, comme tant de pièces d’identité à fournir avant de passer une frontière. Bien souvent d’ailleurs l’interlocuteur ne connaît pas la moitié de ces jeux tant mes pratiques peuvent être expérimentales et obscures. Plusieurs fois on m’a même rétorqué « c’est ton mec qui t’as fait découvrir ? ». Je précise alors avec une voix frôlant le zéro absolu que c’est plutôt moi qui l’ai initié…à l’étonnement toujours plus grand de notre cher interlocuteur aux principes bien arrêtés. Quelle serait donc sa tête si je lui demandais « Ah tu joues ? C’est ta copine qui t’as initié? ».

Mais Monsieur le Rôliste ne se démonte pas, et tient à garder sa supériorité. Il va donc enchaîner sur le discours du MJ (aka le classique « oui enfin…être joueur et MJ, c’est quand même pas pareil, c’est intéressant de faire les deux tu sais ! »). Eh oui, autant il est envisageable (quoi qu’étonnant) que la femme joue, mais alors qu’elle soit MJ…là non, faut pas déconner. Restons entre testicules respectables. Je pousse alors un soupir, et réponds que je suis MJ depuis longtemps déjà et que donc non, monsieur ne va pas m’apprendre de quoi il s’agit en conservant son petit air supérieur.

Cette situation navrante devient un classique de la première interaction avec un rôliste. Le mâle, lui, a plus d’expérience que moi. Du moins dans sa tête. Et quand il se rend compte que ce n’est pas le cas, bien souvent il en est déstabilisé et ne sait plus comment réagir. « Quoi ? Une femme MJ ? Qui écrit des scénars ??? Qui organise et écrit des murders party ????? ». L’incrédulité cède alors place au « respect ». « Dis donc…t’es presque un mec en fait » m’a-t-on dit une fois…Cher réceptacle à testostérone, le fait même que ton orgueil se sente agressé par ce qui relève de la vie privée d’une parfaite inconnue me pose problème. Tu ne devrais pas être surpris. Tu devrais t’en contrefoutre.

Ce respect qui devrait être automatique (n’est-il pas la présupposée base des rapports sociaux?) doit être mérité par la femme rôliste. Graal reçu après une longue série de tests sur son investissement rôlistique, la femme qui aime le JDR doit montrer patte blanche avant d’être acceptée dans « la meute ». Et en prime, on lui précise bien qu’elle est presque « un homme », et que ça fait d’elle une personne bien. Bravo madame, tu ressembles à un monsieur.

Je n’aborderai pas ici le sujet des parties elles-mêmes car bien souvent, les personnes avec qui j’ai le type de conversation ci-dessus…eh bien je ne joue pas avec. C’est mieux pour tout le monde. Aussi je joue avec des gens dont je sais que leur comportement à ce sujet sera irréprochable. Et j’ose espérer qu’à l’avenir plus de gens seront comme mes merveilleux compagnons de jeu. Car oui, il y a tout de même de l’espoir pour les femmes rôlistes : tous les joueurs ne sont pas comme ça. Et heureusement.

Les faits parlent cependant : les femmes croisées autour d’une table de jeu de rôle sont rares. Les joueuses régulières le sont d’autant plus. Je n’ai encore jamais joué de partie « papier » masterisée par une autre femme que moi. Je ne connais aucune autre écrivaine de scénario… De quoi se poser des questions sur l’accessibilité du jeu de rôle aux femmes, confrontées à ce sexisme permanent.

[Note de Mar_Lard]

Dans ma propre expérience et face à ce type de problèmes, les rôlistes vont souvent jouer entre elles, ou comme ici dans un groupe certifié « safe » – sachant qu’elles risquent d’être confrontées au sexisme, à l’hostilité et aux fameux interrogatoires « anti fake geek girls » si elles s’aventurent dans la communauté « publique ». Exclusion qui renforce leur invisibilité… Même problème que pour les joueuses de jeux vidéo en ligne.

Ultimate Gay Fighter : un festival de stéréotypes

Ultimate Gay Fighters est un jeu de combat qui devrait sortir en janvier 2014, sur les smartphones. Il a été créé par « Handsome Woman », un groupe de développeurs dont le seul membre connu à l’heure de la rédaction de cet article est un homme, Michael Patrick. Pour expliquer d’où vient l’idée de son jeu, Michael annonce qu’ils y ont pensé en buvant autour d’un repas avec des amis : ils voulaient remplacer les personnages des jeux de combats par des « gays », en leur donnant « des mouvements qui traduisent leurs styles de vie et leurs intérêts ». Tout un programme. Tout ceci laisse entendre que les LGBT (lesbiennes, gays, bisexuel.les, trans*) ne se battent pas comme les autres.

A voir le trailer du jeu, chaque personnage est un stéréotype de la communauté LGBT… vu par des hétérosexuels. Impossible, pour la communauté concernée, de s’identifier à un seul de ces personnages. Les bisexuel.les sont représentés par une blonde alcoolique. Les trans* sont absents. Il y a une drag queen, une personne adepte du travestissement, qu’il ne faut pas confondre avec les trans*. Les LGBT sont bien mal compris par les développeurs de ce jeu, qui n’ont pas dû s’inquiéter outre mesure de contacter les gens qu’ils ont souhaité mettre en scène.

Et encore, s’il n’y avait qu’un problème d’identification ! Il est notamment regrettable de présenter « The Homo Thug » (l’homosexuel « voyou », quel étrange nom !), avec sa corde. Comme si les suicides de la communauté LGBT, bien plus nombreux que chez les hétérosexuels, étaient le sujet d’une blague potache entre amis autour d’un verre. Chez les jeunes LGBT, le taux de tentatives de suicide est 3 fois plus élevé que chez les autres. Est-ce là une matière pour faire des blagues ?

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Son collier ressemble à s’y méprendre à une corde…

Les regards avisés noteront que les personnages dont le genre est féminin sont moins nombreux. En regardant la liste de stéréotypes, de plaisanteries très maladroites, on remarquera que les femmes ne sont définies que par leur sexualité (« Lady Lover », « Bisexual »), alors que les hommes correspondent davantage à des « modes de vie » (« Fashionista », « Gogo Boy »).

Que de problèmes dans une simple présentation de personnages ! Ultimate Gay Fighter oublie une chose : la sexualité et le genre de quelqu’un sont certes importants, mais ils ne font pas toute sa personnalité.

Nous avons ici un parfait exemple de l’humour oppressif, qui se moque d’une communauté sans chercher à la comprendre.

A lire sur le même thème : Chris Priestman, sur Indie Statik

Être une femme et oser exprimer son ras-le-bol sur un réseau social, quelle hérésie !

Je suis une joueuse de League Of Legends, mais aujourd’hui je ne témoigne même pas de ce qu’il peut m’arriver en jeu, ce serait trop long. Je fais partie d’une communauté sur Facebook, un groupe dédié aux joueurs/joueuses francophones de League Of Legends.

Je ne poste ou ne commente pas tous les jours sur ce groupe, mais j’ai observé un phénomène assez déplaisant, toutes les fois où je pointe le bout de mon nez sur ce groupe j’ai 3-4 demandes d’amis d’hommes totalement inconnus, qui ne se présentent même pas et qui, la plupart du temps, sont même des fantômes, ce ne sont même pas des membres actifs du groupe.

J’ai décidé de faire un post coup de gueule sur le groupe, parce que j’en avais vraiment marre de toutes ces demandes :

C’est quand même bien casse couille d’être une nana sur ce groupe, chaque fois que je commente ou que je poste un truc, j’ai des invitations en amis qui apparaissent, de mecs qui se présentent même pas (donc en fait je suppose qu’ils viennent d’ici puisque ce phénomène se produit dès que je pointe le bout de mon nez sur ce groupe.)

Vous espérez quoi ? Ah tiens, je sais pas qui t’es et tu te présente même pas, mais ok, je t’ajoute ! C’est mon rêve d’agrandir ma liste d’amis FB avec des inconnus.

En plus la plupart du temps, c’est des fantômes, j’veux dire, c’est même pas des gens actifs sur le groupe, alors s’il vous plait, pour le bien de tout le monde: ARRÊTEZ !

(Désolée pour le pavé et pour le dérangement mais ça commençait vraiment à me les briser.)

Que j’ai pu être naïve ! Le pire dans tout cela n’est finalement pas les 4 pauvres mecs qui essayent de m’ajouter, mais les réactions suite à mon post, je ne saurais pas quoi dire de plus, je vous laisse admirer…

On s'en bat les couilles. Si tu sais pas configurer ton facebook, c'est ton soucis.

Je sais même pas pourquoi les mecs t'ajoutent, parce que t'es vraiment pas belle.. ils doivent etre en chien, cya.

Mais comme je disais, sert a rien de se la peter sur cette page en disant "oh les mecs sont tous en chien, ils m'ajoutent tous" on en a rien a faire, garde ca pour toi, allez cya

Et le meilleur pour la fin, pour que vous puissiez admirer le niveau

ZIZIENALAIR ZIZIATERRE ! ZIZI COLERE ZIZI COLEEEEEEERE !!

Femme level 1 (+2 en char)

Je voudrais adresser cette contribution à tous ceux qui se sentent dédouanés des interrogations sur le sexisme en milieu Geek en mode « pff c’est bon : je fais du JDR avec des filles ch’uis pas comme les gros beauf qui regardent Téléfoot ! »

Je ne compte plus le temps depuis lequel je fais du jeu de rôle « papier », que ça soit en tant que joueur ou bien en tant que MJ voire même (modestement) en tant que créateur d’univers, et depuis tout ce temps, je constate un vrai problème avec la place des filles aussi bien « in game » qu’autour de la table.

In game, un perso féminin sera soit un élément qui pousse à l’action au même titre qu’un vulgaire artefact (syndrome « princesse à sauver ») ou alors sera un antagoniste fourbe usant de ses charmes pour faire sombrer les héros. J’ai aussi constaté que jouer un personnage féminin par rapport à un personnage masculin (pour un homme en tout cas) se résume à « je vais voir le garde en roulant du cul pour qu’il me laisse passer » (trad : être une femme ajoute des compétences de manipulation mentale basé sur les boobs). Je ne dis pas que ça ne peut pas faire partie des options de jeu… mais là c’est quand même très « ras du slip » ! Le joueur homme a d’ailleurs souvent beaucoup de distance avec son avatar féminin et prend plaisir a l’imaginer dans des situations ou il n’est pas acteur, mais mateur. Chez d’autres, le fait de passer au féminin est l’occasion d’exacerber les clichés sur les femmes « Ah ah ah ! Je suis une garce manipulatrice ! Je fais faire ce que je veux aux hommes naifs et trop bons ! ». Bref vous l’aurez compris, c’est du cliché sous stéroides.

Toujours pour le in game, je remarque que rares sont les PNJ féminins. Soit ce sont des archétypes féminins (méchante sorcière, reine, princesse) soit des archetypes classiques qu’on a sexualisés (la méchante cheffe d’organisation sexy mais froide et cinglante a la place du méchant mafieux). Jamais de soldat femme, de milicienne, de vendeuse d’armes… ou alors si ça se produit, il y’a toujours introduction de l’idée que c’est un personnage particulier et plus avancé que le simple PNJ de base. On pourrait presque détecter à l’avance l’importance d’un personnage selon son sexe.

Ci-dessous un extrait d’une scène malheureusement vécue alors que je faisais le MJ :

« Bonjour à vous aventuriers ! Bienvenue dans ma forge ! » (description du lieu et du personnage de la vendeuse d’armes)
« Mais… vous êtes une femme ? Et malgré votre métier rugueux vous avez la silhouette d’une elfette prof de fitness ! (jamais évoquée par mes soins) « Damn ! Les mecs ! Venez vite faire booster votre matos ! »
« Mais mais… qu’est ce que vous faites ? »
« Me la faite pas jolie coquinette : une femme forgeron sexy est forcément nulle ou alors hyper balaise : vu que vos affaires semblent prospère, j’en déduit que vous êtes bonne… (voix sexy) vachement bonne (frétillement de sourcils)…une petite réduc si je vous fait voir ma grosse épée ? »

J’en viens donc souvent à ne PAS amener d’élément féminin sans avoir pris d’infinies précautions, car par conditionnement les joueurs prennent ça comme un message. Pour eux, c’est illogique d’utiliser une femme « par défaut ».

Autour de la table, la présence d’une femme entraîne moult comportements sexistes de base qui vont de « je t’explique le jeu » à « t’inquiète, je vais défendre ton perso avec mon super sort ». Les préjugés vont donc bon train, et ça peut aller jusqu’au surprenant (mais néanmoins crétin) « Attends je vais te faire le compte des dés : les filles c’est pas fait pour les additions ».

Donc oui cela existe autour de tables de jeu pourtant apparemment composées de personnes gentilles, polies, « ouvertes » (ce qui ne veut pas vraiment dire grand chose). Même moi ça m’arrive de sombrer dans ces travers, parce que d’une part je ne suis pas un parangon de vertu, et d’autre part parce que ces comportements sont liée à une culture du jeu, des univers (une femme dans un univers de fantasy, c’est avant tout un cosplay sexy penseront la plupart des mecs) et a l’émulation du groupe. N’étant pas supérieur à la plupart de mes contemporains, je ne peux parfois que constater à posteriori mon comportement.

Donc ami-e-s rôlistes, posez vous la question lors de votre prochaine soirée JDR : est il vraiment logique qu’un personnage féminin ait un malus de force et un bonus d’agilité ? Est-ce qu’un personnage féminin c’est forcément un artwork sexy en diable ? Est-ce que la motivation de vos persos peut être autre chose que « sauver la fille du Bourgmestre » ? Est ce que vous avez forcement besoin d’expliquer à la jeune fille à votre droite ce qu’est une claymore alors qu’elle ne vous à rien demandé ?

Quand bien même vous seriez un progressiste accompli, n’hésitez pas à garder cette salutaire démarche de vous remettre en question et à observer vos contemporains… vous pourriez être surpris de ce que vous verrez.

Sexisme et homophobie ordinaires dans le FantaBobShow

Amatrice de jeux vidéos, je n’ai pas toujours les moyens de me payer ceux-ci, c’est pourquoi je me rabats régulièrement sur les playthrough (vidéos commentées de jeux vidéos), en particulier ceux de TheFantasio974 et Bob Lennon, qui me font toujours beaucoup rire.
Le problème est que, tout en appréciant leur humour et leur dynamisme, je dois me confronter simultanément à des propos souvent homophobes et sexistes. L’exemple le plus marquant est selon moi le playthrough de Resident Evil 6 qui compile une quantité incroyable de blagues sur les caractéristiques « MILF » de Ada Wong ou sur l’homosexualité présumée de Piers Nivans. On a aussi droit à des stéréotypes sur la virilité et la force (« on n’est pas des tapettes ») et à des remarques affligeantes sur la sexualité des personnages.

J’ai le même problème avec le playthrough actuellement tourné par les deux Youtubers sur Dead Rising 3, qui possède déjà son lot de remarques putophobes (« c’est une pute » « les salopes »).

Bob Lennon s’excuse assez régulièrement dans ses vidéos pour ses commentaires sexistes/homophobes, et c’est d’autant plus dommage: pourquoi perpétuer de telles remarques si on sait parfaitement qu’elles sont offensantes et discriminantes?
Je ne veux pas jouer à pointer du doigt ces deux podcasteurs, ils ne sont pas les seuls à avoir ce type de réflexions dans leurs vidéos, sauf que ce sont eux qui me font rire et que je suis. Je n’ai pas envie d’arrêter de regarder leur chaîne Youtube, j’ai seulement envie de pouvoir regarder ce qu’ils font sans me sentir exclue ou invisibilisée par leurs commentaires.

Sexisme et LAN’Party

En cherchant sur le net comment organiser une LAN’Party sur Counter Strike Source, il y a de fortes chances pour que vous tombiez sur un ancien tutoriel du Site du Zéro (récemment renommé en OpenClassrooms) sous forme de PDF daté de 2008, rédigé par un certain Mickael Knight qui explique de manière simple comment organiser votre LAN.

En effet, le PDF est dans les premiers résultats Google pour une recherche comme « organiser lan party css, » et il a été visionné plus de 120 000 fois, comme précisé au début du document. Le document est téléchargeable depuis ce lien : Le site du Zéro – Organiser une Lan’Party

Là où le bât blesse, c’est que page 11 on peut trouver tout un passage sur les LAN « pour les demoiselles. » Avoir une telle catégorie étonne déjà puisqu’elle signifie que le reste du document ne s’adresserait qu’à un public masculin. Mais ça ne s’arrête pas là, le contenu est particulièrement instructif.

On y apprend qu’il faut « effectuer des concessions sur ce type de public » : Les filles ne jouent pas à CS, mais plutôt aux Sims et à la Wii, il faut donc organiser des tournois « adaptés pour elles. » L’auteur précise aussi que le matériel technique ne les intéresse pas : « adaptez vos récompenses lors des tournois si le gagnant est une fille (oui si vous lui offrez une GeForce 8600 vous aurez l’air stupide). » Mieux vaut prévoir un prix qui déclenche « une vague de jalousie » et « jouer sur leur point faible, » à savoir « aimer se mettre en valeur. » Il suggère donc d’offrir une entrée VIP pour une boîte de nuit branchée !

Enfin, on apprend aussi que les gameuses ont tout le temps besoin d’assistance (« prenez la en charge dès le début (genre installer son PC, la brancher sur le réseau et fixer son IP) ») et que « se lever à chaque soucis pour elles, c’est chiant ^^. »

Page 30, nous apprenons aussi qu’à un joueur qui fait une crise d’angoisse, il faut absolument éviter de parler de filles. Ces dernières sont en effet « une source importante de stress » pour un joueur timide qui angoisse à l’idée que sa copine soit infidèle pendant qu’il participe à une LAN.

Les filles, ces éternelles petites créatures fragiles, différentes et un peu relou.

[Édité par Mar_Lard]